Hautes Etudes Orientales - Moyen et Proche Orient
-
Le prêt et l’emprunt sont les deux faces de ce qui constitue sans doute l’acte légal le plus ordinaire et répandu de tous les temps. Néanmoins, aussi communes soient-elles, ces actions soulèvent des questions juridiques qui restent d’actualité. La pratique du crédit a ainsi été étudiée minutieusement, en particulier dans le contexte des sociétés antiques. Le colloque qui s’est tenu à Paris en 2015 portait sur le contrat de prêt, tel que les actes notariés et les opinions des juristes de l’Antiquité en témoignent. L’étude des formulations utilisées dans ces actes permet d’identifier les variations et les évolutions lexicales pendant une période donnée, en lien avec les différents types de prêts, ainsi qu’avec les traditions locales. La nature juridique du contrat, encore sujet à débat de nos jours, ainsi que les termes et les concepts utilisés par les juristes dans leurs analyses, révèlent la manière dont ces derniers concevaient les multiples ramifications dun acte d’une apparente banalité, qui a pourtant fini par s’ériger en modèle pour tous les types d’opérations juridiques et administratives.
-
Cet ouvrage rassemble, en mémoire de Dominique Sourdel (1921-2014), quinze contributions qui reprennent l’itinéraire scientifique de cet éminent orientaliste depuis son étude de la grande époque bagdadienne du vizirat abbasside jusqu’à la publication des « Papiers de Damas » à laquelle il consacra les dernières années de sa vie. Bagdad, Alep, Damas, Jérusalem, Le Caire et Kairouan sont quelques-unes des étapes de ce livre illustrées par des études qui portent sur l’histoire du monde musulman médiéval, ainsi que sur l’archéologie, l’islamologie et la linguistique. A travers la présentation d’un matériel inédit ou d’approches originales, ses amis, élèves et disciples inscrivent ici leurs travaux dans la continuité des enseignements et de l’œuvre de ce savant.
-
L’oasis du Fayyoum en Egypte a révélé de nombreux documents papyrologiques, témoignages uniques sur l’Antiquité gréco-romaine et le Moyen Age. En 1997, un lot exceptionnel d’archives familiales d’époque fatimide fut mis au jour dans le cadre des fouilles du monastère de Naqlūn conduites par l’université de Varsovie. Comportant une cinquantaine de documents sur parchemin et papier, cet ensemble d’actes juridiques, fiscaux et de correspondance commerciale du riche agriculteur copte Ǧirǧah b. Bifām et de ses frères reflète la constitution en vingt ans d’un patrimoine composé de maisons, de vergers et de terres arables. Edités ici dans une première partie, ces documents livrent une moisson importante de personnages, d’informations toponymiques, de données sur la vie villageoise et les relations intercommunautaires.
Cette documentation, étudiée en seconde partie avec celle d’autres villages voisins de l’oasis, nous plonge dans la vie quotidienne de la société rurale du Fayyoum au tournant de l’an Mille, encore dominée par de fortes communautés chrétiennes. Toutefois, le lent processus d’arabisation et d’islamisation de cette contrée égyptienne est en marche, notamment par l’installation au cœur même de l’espace villageois de populations bédouines qui deviennent, par leur emprise foncière et le droit de protection qu’elles imposent aux habitants, les nouvelles élites locales.
-
Paul E. Walker, «Préface»
Anne Regourd, «Introduction : qu’est-ce qu’un document ?»
Pascal Buresi, «Les documents arabes et latins échangés entre Pise et l’Empire almohade en 596-598/1200-1202 : la chancellerie au coeur des relations diplomatiques»
Abdelhamid Fenina, «Note sur un atelier monétaire peu connu et éphémère d’Ifriqiya à l’époque des gouverneurs abbassides : al-Mahdiyya»
Eva Mira Grob, «A catalogue of dating criteria for undated Arabic papyri with ‘cursive’ features»
‘Emad al-Din Sheikh al-Hokamaee, «La vision religieuse des Safavides, la conservation des archives pré-safavides et l’altération des documents»
Mohammed A. Jazim, «Un manuscrit administratif et fiscal du Yémen rassoulide : l’Irtifā al-dawla al-mu’ayyadiyya»
Geoffrey Khan, «Documents arabes du début de l’Islam, récemment découverts dans le Khorassan»
Marie Lamaa, «Quelques remarques à propos du remploi : un objet de métal inscrit d’époque mamlouke, appartenant aux ollections du musée du Louvre»
Julien Loiseau, «Les attestations de waqf de l’émir Qarāqugā al-Hasanī: documents et histoire urbaine dans l’Égypte mamlouke»
W. Matt Malczycki, «A Page from An Aspiring Muhaddit’s Personal Notes, dated mid-late third/ninth century (P.Utah, Ar. inv. 443v)»
Karl R. Schaefer, «Medieval Arabic Block Printing and Arabic Historiography»
Tasha Vorderstrasse, «Reconstructing Houses and Archives in Islamic Egypt»
Khaled Mohammad Younes, «Textile Trade between the Fayyūm and Fustāt in the IIIrd/IXth century according to the Banū ‘Abd al-Mu’min archive»
Liste des contributeurs
Les journées d’étude qui ont donné lieu à cet ouvrage avaient pour première mission de montrer l’existence de quantité de documents largement inexploités, voire ignorés, produits dans le monde arabo-musulman avant la période ottomane. Les documents abordés ici sont de tout type, diplomatique, légal, fiscal, correspondance de marchands, numismatique, objet d’art épigraphié, talismanique… Ces journées avaient aussi pour ambition de réfléchir à la définition d’un document suivant une approche épistémologique.
Les leçons ultimes tirées de l’ensemble une fois parvenu à la lumière soulignent la nécessité de traiter un document de manière totale, de l’analyser, d’en dégager des données, en tenant compte aussi bien de ses déterminations matérielles (support, matériau, encre, graphie…) que du texte qu’il porte, les déterminations matérielles ayant tout autant valeur documentaire que le texte.
-
La formation des modèles de contrat dans la culture juridique ouest-sémitique, objet de la table ronde qui s’est tenue à l’EPHE en septembre 2006, est un thème qui permet d’aborder l’histoire juridique de la Syrie-Palestine et, en partie, de l’Égypte sur une longue période, allant du deuxième millénaire avant notre ère jusqu’au Moyen Âge. Les actes de la pratique sont en effet de bons indicateurs de l’évolution et de la transmission des traditions scribales, en ce qu’ils reflètent les permanences et les changements du droit et de l’écriture du droit.
Dans les sociétés du Proche-Orient ancien et médiéval, où la création des conventions est dominée par l’oralité et le formalisme, les formulaires des contrats opèrent une standardisation des clauses qui n’implique pas pour autant leur uniformité, voire leur canonisation figée. Il existe au contraire une « dynamique des formules », pour reprendre l’heureuse expression de Jean Hilaire à propos du droit notarial médiéval, parce que le praticien conserve et innove tout à la fois, afin de concilier les besoins des parties et les exigences de la coutume.
Langage commun ou langage fossile, les formulaires juridiques parcourent le monde ouest-sémitique, de la Syrie cunéiforme (Mari, Émar, Ougarit, empires néo-assyrien et néo-babylonien) jusqu’au Talmud et aux premiers formulaires arabes, en passant par les papyri d’Éléphantine et de Samarie, les tablettes araméennes et les textes en sud-arabique, en nabatéen, palmyrénien, et en syriaque, judéo-araméen et hébreu.
-
Les documents rupestres présentés appartiennent à deux sites sahéliens proches, ayant en commun une population et une culture touarègues semblables.
C’est le premier document épigraphique publié de cette nature, constitué de deux corpus déchiffrés et en grande partie traduits. Les signes alphabétiques appartiennent aux alphabets touaregs contemporains bien connus. Ils notent un parler touareg (berbère) spécifique des régions sahéliennes.
Ce travail a été fait au sein du groupe de recherche « Répertoire des inscriptions libyco-berbères » (RILB), pôle d’investigation interne au séminaire « Libyque et berbère » dirigé par le professeur Lionel Galand à l’École pratique des hautes études, Section des sciences historiques et philologiques, à la Sorbonne.
Les auteurs relèvent administrativement de l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Mohamed Aghali-Zakara est enseignant-chercheur l’Inalco où il dispense des cours de berbère (touareg). Professeur invité à l’Institut universitaire oriental de Naples (Italie), il y dispense un enseignement sur « Histoire et culture du Sahara et du Sahel ». Il a publié divers travaux surle monde touareg – langue, psycholinguistique, littérature et écritures libyco-berbères – ainsi qu’en sciences de l’éducation.
Jeannine Drouin, directeur de recherche au CNRS, a publié de nombreux travaux de linguistique, littérature et épigraphie berbères ; elle a enseigné l’ethno-sociologie du Maghreb à l’université René-Descartes–Paris V et la littérature berbère à l’Inalco.
-
-